jeudi 7 avril 2011

Dior Homme : The Time I Had Some Time Alone (by Kris van Assche and Willy Vanderperre)

C’est en noir et blanc que Kris van Assche et Willy Vanderperre ont choisi d’évoquer la collection printemps-été 2011 de Dior Homme. Un noir et blanc qui permet cependant toutes les nuances de gris, les trouées de lumière alternant avec la pénombre, et la couleur surgissant même fugitivement çà et là.







Dans ce collage allusif de séquences saccadées, se détache une figure, celle, alanguie, d’un jeune homme filmé dans un moment d’intimité. D'un air paisible, il dort, somnole plutôt, s’étire puis se repeletonne sur lui-même sur un bout de moquette, à même le sol, dans le décor brut et austère d’un hangar.








Dans ce moment pour soi, où il est alors tout à soi, ce jeune homme peut goûter le repos certes, mais aussi sentir naître ce qui le transforme. Filmée au plus près, cette figure allongée, assoupie, est saisie dans une lumière douce tel un croquis, une ébauche qui esquisserait un devenir. Ce jeune homme presque adulte abandonne en effet une part de son passé, une part de lui-même, celle qui le retenait encore à l’enfance, évoquée en couleurs. Les tons pastel des souvenirs qui surviennent suggèrent un univers de jeu, de mouvement, de liberté qui recherchait l’air et la lumière. Retiré dans ce hangar isolé, où ne subsistent que des traces du passé, graffitis, murs délabrés, le jeune homme incarne à lui seul le présent auquel il doit se confronter. Jouer seul, choisir entre la lumière éclatante et la pénombre, trouver sa propre voie, sa propre façon d'exister. Trouver l'équilibre apaisant entre les limites et ces lumières extrêmes comparables au grain de Michael Ackerman.







Cette évocation simultanée d’une vie intérieure et d’un corps encore libre nous rappelle l’univers du cinéaste Gus van Sant qui choisit lui aussi de saisir dans ses films cette subtile transformation qui caractérise l'adolescence. « J’ai envie de faire désormais des films dans mon garage » déclarait-il avant de réaliser Paranoid Park, afin de retrouver une plus grande liberté de composition. Il s’agit alors plus pour le cinéaste d’évoquer que de raconter ; où l’on retrouve la forme mélancolique caractéristique de cette vidéo, procédant par à-coups visuels alternant avec des plans qui fonctionnent tels des leitmotive. De même, le mixage sonore relève de la création d’une atmosphère intime et permet ce faisant de relier les plans entre eux, de dramatiser le montage.








Cette forme de liberté évoquée est également celle que peut trouver le créateur, qui doit chercher sa voie tout en respectant l’histoire. Le luxe de la maison Dior Homme est ainsi interprété par la main de Kris van Assche. Il lui donne une nouvelle ampleur en trouvant une forme d’harmonisation qui correspond à l’atmosphère de ce film : Aller vers une élégance masculine qui soit plus « brute », c’est-à-dire plus sincère également, car plus libre et plus contemporaine. Cette collection en noir et blanc, qui sait dans son épure respecter les codes du luxe, les matières nobles, les coupes sobres, le geste parfait, correspond alors en effet à ce moment où l’on se recentre sur l'essentiel, ses goûts intimes, son bien-être, au-delà de la représentation sociale et de ses codes, un luxe non pas donné à voir mais ressenti à fleur de peau.







Dans ce court film poétique, c’est donc bien l’univers de Kris van Assche qui est évoqué, dans son invitation à la sensualité et la modernité, et dans sa conviction que la création reste toujours de l’ordre de l’apprentissage, d’une recherche permanente, d'un devenir.




The Time I Had Some Time Alone
Dior Homme Video Project

Direction Artistique : Kris van Assche
Photographie et Réalisation : Willy Vanderperre
Stylisme : Olivier Rizzo
Modèle : Victor Nylander


Images courtesy of Dior Homme